Comprendre et gérer les émissions de Scope 3

 

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Pour de nombreuses entreprises, le reporting des émissions de gaz à effet de serre (GES) est devenu une exigence courante. Pourtant, une part importante de l’impact climatique d’une entreprise reste difficile à traiter : les émissions de Scope 3. Ces émissions indirectes se produisent tout au long de votre chaîne de valeur, en dehors de votre contrôle direct, mais elles représentent souvent la plus grande part de votre empreinte.

Comprendre les émissions de Scope 3 ne se limite pas à la conformité réglementaire. Il s’agit de prendre la responsabilité de son impact climatique total, de renforcer les relations avec les fournisseurs et les clients, et de se préparer à des exigences de plus en plus strictes en matière de reporting.

Cet article explique ce que sont les émissions de Scope 3, pourquoi elles sont importantes et comment les mesurer, les déclarer et les réduire. Vous découvrirez les réglementations, les méthodes de calcul, les bonnes pratiques, ainsi que des outils comme les logiciels de gestion carbone. Que vous débutiez ou cherchiez à améliorer votre stratégie, ce guide vous aidera à avancer.

 

 

Que sont les émissions de Scope 3 ?

 

Les émissions de Scope 3 proviennent d’activités liées à des actifs que l’organisation déclarante ne possède ni ne contrôle, mais qu’elle influence indirectement à travers sa chaîne de valeur.

 

Scopes 1, 2 et 3 : vue d’ensemble

Les émissions de GES sont généralement réparties en scope 1, 2 et 3 :

  • Scope 1 : émissions directes provenant des installations ou véhicules appartenant à l’entreprise
  • Scope 2 : émissions indirectes liées à l’énergie achetée (électricité, chaleur, vapeur, etc.)
  • Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes issues de la chaîne de valeur (amont et aval)

 

Catégories du Scope 3 (amont et aval)

Comme mentionné, les émissions de scope 3 proviennent de la chaîne de valeur de l’entreprise, qui comprend des activités en amont et en aval. Le Greenhouse Gas Protocol définit 15 catégories d’émissions de scope 3 :

Amont :

  • Biens et services achetés
  • Biens d’équipement
  • Activités liées à l’énergie (hors Scopes 1 et 2)
  • Transport et distribution amont
  • Déchets générés par les opérations
  • Déplacements professionnels
  • Trajets domicile–travail des salarié·es
  • Actifs loués en amont

Aval :

  • Transport et distribution aval
  • Transformation des produits vendus
  • Utilisation des produits vendus
  • Fin de vie des produits vendus
  • Actifs loués en aval
  • Franchises
  • Investissements

 

Pourquoi le Scope 3 est-il essentiel pour votre entreprise ?

Pour la plupart des entreprises, les émissions de Scope 3 représentent plus de 70 % de leur empreinte totale. Les ignorer rend toute stratégie de décarbonation incomplète.

Agir sur le Scope 3 permet de :

  • Gagner en transparence et en crédibilité
  • Réduire les risques à long terme
  • Renforcer la confiance des investisseurs et clients engagés

 

 

Principaux leviers d’émissions de Scope 3

 

Chaque secteur présente des sources d’émissions spécifiques :

  • Commerce de détail : émissions liées à l’utilisation et la fin de vie des produits vendus
  • Industrie manufacturière : matières premières et transport
  • Technologie : consommation énergétique des data centers et production de matériel

Le Scope 3 repose sur une responsabilité partagée. L’efficacité énergétique de vos fournisseurs ou la manière dont vos clients utilisent vos produits influencent directement vos émissions. La collaboration est donc essentielle.

 

 

Le reporting des émissions de Scope 3 est-il obligatoire ? Réglementations et exigences

 

La CSRD et le cadre européen

La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose aux grandes entreprises opérant dans l’UE de déclarer leurs émissions de GES pour les Scopes 1, 2 et 3. Le Scope 3 devient obligatoire dès lors qu’il est jugé significatif, ce qui est le cas pour la majorité des secteurs. Les entreprises doivent également publier leur méthodologie et leurs objectifs de réduction.

La directive s’applique progressivement à partir de 2024 aux grandes entreprises cotées, aux grandes entreprises non cotées, puis aux PME cotées.

 

La norme volontaire VSME

La VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for SMEs) propose un cadre simplifié pour les PME. Bien qu’elle soit volontaire, elle incite les entreprises à anticiper les obligations futures en intégrant les données du Scope 3 dès maintenant.

 

Réglementations nationales

  • France : Les entreprises de plus de 500 salarié·es doivent établir un BEGES. Le Scope 3 est facultatif mais fortement recommandé.
  • Belgique : Aucune obligation nationale spécifique, mais les entreprises doivent se conformer à la CSRD.
  • Pays-Bas : Le gouvernement néerlandais encourage une transparence totale de la chaîne de valeur. Le Scope 3 sera requis via la CSRD.
  • Luxembourg : La CSRD est transposée en droit national. Le Scope 3 est attendu s’il est jugé pertinent.
  • Royaume-Uni : Le SECR ne rend pas le Scope 3 obligatoire, mais les exigences TCFD incluent souvent des éléments de Scope 3.

 

Méthodologies reconnues

  • GHG Protocol : Le Scope 3 n’est pas obligatoire dans le standard de base, mais il est fortement recommandé via un standard dédié.
  • Bilan Carbone® (France) : Méthode développée par l’ABC. Le Scope 3 est essentiel pour obtenir une vision complète.

 

 

Défis liés à la collecte de données Scope 3

 

Collecter des données fiables sur le Scope 3 est l’un des aspects les plus complexes du reporting carbone. Les défis courants incluent :

  • Manque de données primaires : recours à des moyennes sectorielles faute de données fournisseurs spécifiques
  • Difficultés de collaboration : manque de formation, de ressources ou d’outils chez les fournisseurs
  • Données incomplètes ou incohérentes : plateformes centralisées recommandées pour fiabiliser et standardiser les données

 

 

Méthodes de calcul

 

La formule standard est : Émissions = Données d’activité × Facteur d’émission.
Les données physiques sont les plus précises. Mais les fournisseurs n’ont pas toujours accès à ces données. C’est pourquoi plusieurs méthodes existent :

  • Approche basée sur les dépenses : utilise les montants dépensés (ex. : € dépensés pour du papier) avec des facteurs moyens
  • Approche basée sur l’activité : utilise des données physiques (kg de matière, km parcourus) pour une meilleure précision
  • Approche hybride : combine les deux méthodes. Il est recommandé de prioriser les catégories les plus impactantes en cherchant à obtenir des données physiques là où c’est possible

L’objectif est d’obtenir un maximum de données physiques. Commencez par les catégories qui contribuent le plus à votre rapport carbone.

 

 

Outils et plateformes pour vous accompagner

 

Choisir les bons outils rend la gestion et la déclaration des données de scope 3 plus efficaces et plus fiables. Fonctionnalités clés à rechercher :

  • Logiciel de gestion du carbone : des plateformes comme Tapio permettent de centraliser les données, automatiser les calculs et visualiser les émissions par catégorie.
  • Fonctions collaboratives : les bons outils doivent soutenir les équipes internes et les consultants externes.

 

 

Impliquer vos fournisseurs et parties prenantes

 

Pour gérer efficacement les émissions de scope 3, une forte collaboration est nécessaire tout au long de la chaîne de valeur. Mobiliser tôt les fournisseurs et parties prenantes rend la collecte plus fiable et les efforts de réduction plus efficaces.

  • Commencez avec les fournisseurs clés : concentrez-vous sur ceux qui ont le plus d’impact. Leur coopération est la plus précieuse.
  • Soutenez et formez : partagez des ressources claires pour aider les fournisseurs à comprendre les données nécessaires et comment les déclarer. Simplifier encourage la participation.
  • Offrez des incitations : récompensez les fournisseurs qui fournissent des données fiables ou s’engagent sur des objectifs. Par exemple : visibilité, statut de fournisseur privilégié, communication conjointe.
  • Alignez les objectifs de réduction : encouragez les fournisseurs à définir leurs propres cibles ou à s’aligner sur des cadres comme le SBTi. Cela crée une responsabilité partagée.
  • Encouragez la responsabilité collective : présentez le suivi des émissions comme un levier d’efficacité, d’innovation et de compétitivité – pas comme une contrainte. La collaboration renforce les résultats.

 

 

Stratégies pour réduire les émissions de Scope 3

 

La réduction du scope 3 repose sur des choix de design, d’approvisionnement, de logistique et de finance. Voici quelques leviers efficaces :

  • Optimiser les achats et la conception produit : privilégier des matériaux à faible empreinte carbone. Redessiner les produits pour plus d’efficacité énergétique, durabilité et modularité
  • Adopter des pratiques d’économie circulaire et de logistique durable : mettre en place des programmes de réparation, réutilisation et recyclage. Choisir des transporteurs à faibles émissions ou neutres en carbone
  • Introduire un prix interne du carbone : fixer un coût interne par tonne de CO₂e émise pour orienter les décisions d’achat et d’investissement

Ces stratégies réduisent les émissions, stimulent l’innovation, réduisent la dépendance aux ressources, et renforcent la crédibilité environnementale de la marque.

 

 

Par où commencer ?

 

Commencer à traiter le scope 3 peut sembler décourageant. Mais des étapes concrètes permettent d’avancer :

  • Renforcez les compétences internes : formez vos équipes à la comptabilité carbone et attribuez des responsabilités claires pour chaque catégorie
  • Choisissez les bons outils : utilisez des plateformes de gestion du carbone adaptées à votre structure et facilitant la collaboration
  • Communiquez avec transparence : commencez à déclarer même si les données ne sont pas parfaites. Expliquez les écarts et vos plans d’amélioration.

Ces premières étapes posent les bases d’une collecte de données plus avancée, d’une réduction efficace et d’un alignement réglementaire.

 

 

Conclusion

 

Le Scope 3 peut sembler complexe, mais il représente une formidable opportunité. Il offre une vision complète de votre impact et vous permet d’agir sur l’ensemble de votre chaîne de valeur.

Les entreprises qui s’y engagent dès aujourd’hui bénéficient d’un avantage concurrentiel, que ce soit en matière de conformité, d’innovation ou de confiance. Appuyez-vous sur les bons outils, les standards existants et une communication claire. Engagez vos fournisseurs. Investissez dans la donnée.

Le chemin est exigeant, mais les bénéfices sont durables.

 

 

Foire aux questions (FAQ)

 

Quels sont des exemples d’émissions de Scope 3 ?
Déplacements professionnels, biens achetés, trajets domicile–travail, usage des produits, fabrication chez les fournisseurs.

Le Scope 3 est-il obligatoire ?
Oui, dans le cadre de la CSRD européenne. Au Royaume-Uni, il est fortement encouragé dans le reporting TCFD.

Comment commencer le calcul du Scope 3 ?
Utilisez les catégories du GHG Protocol. Commencez par des données financières (spend-based), puis affinez avec des données physiques (activity-based).

Quels outils peuvent m’aider ?
Logiciels comme Tapio, questionnaires CDP, calculateurs du GHG Protocol.

Puis-je réduire mes émissions Scope 3 sans contrôle direct sur mes fournisseurs ?
Oui. En collaborant, en revoyant les achats, et en incitant vos partenaires à s’engager.

 

 

À vous de jouer

 

🌱 Quel est votre plus grand défi pour réduire vos émissions de Scope 3 ?

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Carbon report (main)

Tapio est un logiciel de gestion des émissions permettant aux entreprises et aux experts carbone de calculer et réduire les émissions de gaz à effet de terre.