Trouver l’équilibre entre ambition et réalité :
L’engagement climatique du Comité Olympique belge
Interview avec Benjamin Wery, Communication Officer et Climate Action Officer chez le Comité Olympique et Interfédéral Belge.
Interview avec Benjamin Wery, Communication Officer et Climate Action Officer chez le Comité Olympique et Interfédéral Belge.
Au cœur du sport de haut niveau, Benjamin Wery mène une mission exigeante. Chargé de la communication et de l’action climatique au sein du Comité Olympique et Interfédéral Belge (COIB), il travaille à réduire l’empreinte carbone d’une organisation dont la mission principale est d’envoyer des athlètes aux quatre coins du monde. Nous avons échangé avec lui.
« J’ai levé la main, et j’étais le seul. » C’est ainsi que Benjamin Wery, d’abord responsable communication, s’est retrouvé à piloter la stratégie climat de son organisation. Depuis trois ans, il jongle entre communication et mise en œuvre concrète d’actions durables.
Les premières initiatives étaient modestes mais symboliques : fin des bouteilles d’eau en plastique, remplacement des machines à café à capsules par des modèles à grains, disparition des sodas.
« On a commencé très petit. Mais ces actions ont eu un impact économique, et une valeur éducative. »
Depuis, l’engagement du COIB s’est renforcé, étape par étape. L’organisation participe désormais au projet européen OCEAN (Olympic Committees of Europe Approaching Carbon Neutrality), qui réunit 18 Comités Nationaux Olympiques autour d’un calculateur d’empreinte carbone commun. Dans ce cadre, le COIB a adopté le programme “Sports for Climate Action” des Nations Unies, et s’engage à réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Avec l’aide de Tapio, le COIB mesure aujourd’hui ses émissions de gaz à effet de serre. L’objectif : mieux comprendre son impact et identifier les leviers d’action. Résultat : plus de 70 % des émissions sont liées au transport aérien, principalement dû aux déplacements des athlètes et du staff vers les compétitions internationales. Un aspect central de la mission du COIB, difficile à réduire sans remettre en question sa raison d’être.
« Notre rôle, c’est d’envoyer des athlètes aux Jeux. Si on arrête de prendre l’avion, on ne fait plus notre travail », explique Benjamin. « Même si on supprime tout le reste, ces émissions dépendent du lieu où se tiennent les Jeux. »
Mais le bilan carbone révèle aussi des leviers d’action. L’un des principaux concerne les vêtements : chaque délégation reçoit des tenues de sport personnalisées, ce qui génère des impacts liés à l’achat et à l’emballage. Sur ce point, le COIB voit un réel potentiel de réduction.
Les trajets domicile-travail des employé·es, en revanche, représentent une part limitée des émissions. La majorité des 30 membres de l’équipe utilisent déjà des modes de transport plus durables comme le vélo ou les transports en commun.
En regardant vers l’avenir, Benjamin reste lucide : « Si on arrive à réduire nos émissions de 20 %, ce sera déjà énorme. Mais atteindre 50 % sans contributions carbone ? C’est presque impossible. » Pourtant, l’organisation souhaite éviter les contributions. « On ne veut pas compenser, on a l’impression que ce serait tricher », ajoute-t-il.
Avec Tapio, Benjamin veut aller plus loin que le simple calcul. « On a déjà un outil européen pour mesurer, mais j’aimerais utiliser Tapio pour identifier ensemble les vrais leviers d’action. Là où on peut vraiment avoir un impact. »
Le COIB a décidé de lisser son empreinte carbone sur un cycle de quatre ans, pour mieux suivre sa progression. Cela permet de prendre en compte les écarts importants entre une année avec des Jeux locaux, comme Paris, et d’autres années avec plusieurs compétitions à l’autre bout du monde.
Le monde olympique est une équation presque insoluble. Mais c’est aussi une plateforme puissante pour sensibiliser. Benjamin en est convaincu : si le COIB, avec toutes ses contraintes, s’engage dans cette voie, c’est aussi pour montrer l’exemple, faire émerger le sujet, apprendre, partager, et commencer à faire bouger les lignes.