Greenhouse Gas (GHG) Protocol : le guide pour les entreprises

 

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Le Greenhouse Gas Protocol est la référence mondiale pour mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre. Pour les entreprises européennes qui préparent un rapport carbone ou élaborent une stratégie climat, c’est la base d’une comptabilité rigoureuse et cohérente.

Dans cet article, vous allez :

  • découvrir ce qu’est le GHG Protocol et pourquoi il est essentiel
  • comprendre les 3 scopes d’émissions, notamment les défis du Scope 3
  • explorer les normes, outils et formations proposés
  • voir comment il s’aligne avec les exigences européennes (CSRD, CSDDD)
  • anticiper les évolutions à venir et leur impact sur votre stratégie

À la fin, vous aurez une feuille de route claire pour appliquer le GHG Protocol, prendre des décisions éclairées, structurer votre stratégie, et répondre aux attentes croissantes des parties prenantes.

 

 

Qu’est-ce que le Greenhouse Gas Protocol ?

 

Origine et objectif

Lancé en 1998 par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), le Greenhouse Gas Protocol (GHG Protocol) propose un cadre mondialement reconnu pour mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle d’une organisation, d’une chaîne de valeur ou d’une ville.

Aujourd’hui, plus de 90 % des entreprises du Fortune 500 qui publient leurs émissions utilisent ce protocole. Il sert de fondement à des initiatives telles que la Science Based Targets initiative (SBTi) ou le Carbon Disclosure Project (CDP).

 

Qui l’utilise ?

Le GHG Protocol est utilisé par :

  • les entreprises soumises à des réglementations comme la CSRD
  • les consultants et équipes en durabilité
  • les collectivités, gouvernements et ONG
  • les institutions financières et gestionnaires d’actifs qui évaluent les émissions de leur portefeuille

C’est un pilier des stratégies climat, qu’elles soient réglementaires ou volontaires.

 

 

Comprendre les scopes 1, 2 et 3

 

Scope 1 : émissions directes

Le Scope 1 couvre toutes les émissions directes issues de sources détenues ou contrôlées par l’entreprise, comme :

  • la combustion de carburant (chaudières, fours, véhicules)
  • les fuites de fluides frigorigènes
  • les procédés industriels sur site

👉 Pourquoi c’est important : ce sont les émissions les plus mesurables et les plus maîtrisables.

 

Scope 2 : énergie indirecte

Le Scope 2 regroupe les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité, de chaleur ou de vapeur achetées.

Le protocole distingue deux méthodes de calcul :

  • location-based : selon les émissions moyennes du réseau électrique local
  • market-based : selon des données fournisseurs spécifiques ou des contrats (électricité verte par exemple)

💡 Conseil : pour atteindre la neutralité carbone, les entreprises privilégient souvent le market-based pour valoriser l’usage d’énergies renouvelables.

 

Scope 3 : émissions de la chaîne de valeur

Le Scope 3 inclut toutes les autres émissions indirectes en amont et en aval, réparties en 15 catégories :

  • achats de biens et services
  • déplacements professionnels
  • trajets domicile-travail
  • usage et fin de vie des produits vendus

👉 Le défi du Scope 3
Il peut représenter plus de 70 % des émissions totales d’une entreprise. Mais sa mesure repose souvent sur des estimations ou des données fournisseurs, difficiles à collecter.

Double comptage et bonnes pratiques

Le Scope 3 se recoupe souvent entre entreprises partageant une même chaîne d’approvisionnement. Le GHG Protocol recommande la transparence et l’amélioration progressive de la qualité des données.

 

 

Normes et lignes directrices du Protocole GHG

 

Norme de comptabilité carbone des entreprises

La norme Corporate Standard définit les règles pour fixer les périmètres, choisir les méthodes de calcul et reporter les émissions de tous les scopes à l’échelle organisationnelle.

 

Mise à jour de la guidance du Scope 2

Depuis 2015, les entreprises doivent reporter à la fois les émissions market-based et location-based. Cette exigence a amélioré la clarté, mais a aussi complexifié les rapports.

De nouvelles mises à jour sont attendues pour affiner les règles sur les allégations fournisseurs et les certificats.

 

Révisions en cours sur le Scope 3

Face aux enjeux croissants, le Scope 3 Standard est en pleine révision, avec un accent sur :

  • le risque de double comptage
  • l’engagement fournisseur
  • la hiérarchie des données
  • les biens d’équipement et les émissions financées

Un projet de texte est attendu en 2025, avec une version finale prévue pour 2026.

 

 

Alignement avec le contexte réglementaire européen

 

CSRD, CSDDD et GHG Protocol

La directive CSRD impose aux grandes entreprises européennes de publier des données extra-financières, y compris les émissions des scopes 1, 2 et 3 — ce que couvre précisément le GHG Protocol.

La directive CSDDD va plus loin en exigeant l’identification et la gestion des risques climatiques dans la chaîne d’approvisionnement.

 

Normes européennes et seuils concernés

Dès 2024, les grandes entreprises doivent se conformer aux normes ESRS, harmonisées avec les cadres GHG Protocol et SBTi.
Sont concernées :

  • les entreprises de plus de 250 salarié·es
  • celles réalisant plus de 40 M€ de chiffre d’affaires
  • ou cotées en bourse

 

 

Évolutions à venir et influence des parties prenantes

 

Révisions en cours

Face à la pression réglementaire et aux attentes des acteurs économiques, le GHG Protocol revoit actuellement :

  • la norme Corporate Standard
  • les guides Scope 2 et 3
  • les approches sectorielles spécifiques

Des consultations publiques sont prévues tout au long de 2024.

 

Changements attendus d’ici 2026

Les prochaines versions devraient intégrer :

  • des règles plus claires sur les certificats d’énergie renouvelable
  • des exigences renforcées sur la qualité des données du Scope 3
  • des outils adaptés aux PME et à la digitalisation

 

 

Comment les entreprises européennes peuvent appliquer le protocole

 

Constituer un inventaire carbone conforme

Commencez par définir vos périmètres organisationnels et opérationnels. Puis identifiez les sources d’émissions par scope. Si les données primaires ne sont pas disponibles, utilisez des facteurs d’émission standards.

💻 Des outils comme le logiciel Tapio facilitent cette étape.

 

Prioriser les actions

N’attendez pas d’avoir des données parfaites. Concentrez-vous sur :

  • les catégories à fort impact (achats, transport)
  • les leviers sous contrôle (énergie, politique de voyage)

Mettez en place un plan de réduction et actualisez-le chaque année.

 

Intégrer à votre stratégie climat et aux SBTi

Pour des objectifs fondés sur la science ou la neutralité carbone, l’alignement avec le GHG Protocol est indispensable. Veillez à :

  • suivre vos émissions dans le temps
  • baser vos réductions sur des valeurs absolues (et non des intensités)
  • déclarer vos contributions carbone (et non des compensations)

 

 

Conclusion

 

Le Greenhouse Gas Protocol n’est pas qu’un outil de reporting. C’est un levier stratégique pour structurer votre démarche de décarbonation.

Pour les entreprises européennes, il garantit la rigueur, la cohérence et la conformité avec les cadres réglementaires comme CSRD et CSDDD.

En comprenant les 3 scopes, en utilisant les bons outils et en vous préparant aux évolutions à venir, vous pourrez anticiper les obligations, réduire vos émissions et renforcer la confiance.

👉 L’étape la plus importante ? Se lancer. Vous n’avez pas besoin de données parfaites. Mais vous avez besoin d’un cadre. Et c’est exactement ce que le GHG Protocol vous offre.

 

 

FAQs

 

Quelle est la différence entre les approches market-based et location-based pour le Scope 2 ?

  • Location-based : utilise les émissions moyennes du réseau électrique national
  • Market-based : s’appuie sur les données de vos fournisseurs ou contrats d’énergie (ex. électricité verte)
    ➡️ Les deux approches sont requises par le protocole.

Comment aligner le GHG Protocol avec la CSRD ?
En reportant vos émissions des scopes 1, 2 et 3 selon la structure du GHG Protocol, vous répondez aux exigences climatiques des normes ESRS sous la CSRD.

Peut-on commencer à estimer le Scope 3 ?
Oui, c’est même recommandé. Il vaut mieux démarrer avec des estimations que ne rien faire. L’important est d’être transparent sur la qualité des données.

Existe-t-il des outils gratuits pour constituer un inventaire GES ?
Oui. Le GHG Protocol propose des fichiers Excel et des guides. Des plateformes comme Tapio offrent une solution plus interactive et conforme.

Quand les nouvelles versions du GHG Protocol seront-elles disponibles ?
Les projets de révision sont attendus en 2025, avec des versions finales prévues pour 2026.