Guide aux ESRS (update 2025) : reporting carbone pour les entreprises européennes

 

Temps de lecture : 6 minutes

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Votre entreprise prépare un bilan carbone ? Vous avez sans doute entendu parler des ESRS – les normes européennes de reporting de durabilité. Créées pour accompagner la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), ces normes précisent les informations que les entreprises doivent publier et la manière de les présenter.

Entrées en vigueur en 2024 pour les entreprises de la première vague, les ESRS posent un cadre harmonisé à l’échelle européenne. Elles imposent de rendre compte des impacts et des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), selon une approche de double matérialité. Cela signifie qu’il faut à la fois évaluer comment la durabilité influence l’entreprise, et comment l’entreprise affecte la société et la planète.

Dans cet article, nous analysons les ESRS en profondeur, y compris les dernières évolutions publiées en juillet 2025. Vous découvrirez :

  • qui est concerné et selon quel calendrier
  • ce que doivent contenir les rapports carbone et durabilité
  • les nouveautés apportées par les projets “quick fix” et les normes simplifiées
  • comment préparer un rapport carbone stratégique et conforme aux ESRS

 

 

Qu’est-ce que les ESRS ?

 

Les European Sustainability Reporting Standards (ESRS) sont un cadre de reporting obligatoire, adopté par la Commission européenne en juillet 2023. Ils s’inscrivent dans le cadre de la CSRD et visent à garantir la transparence sur :

  • les émissions de gaz à effet de serre (Scopes 1, 2 et 3)
  • les risques liés au changement climatique
  • la biodiversité
  • l’usage des ressources
  • les conditions de travail au sein de l’entreprise et de sa chaîne de valeur
  • la gouvernance

Contrairement à des cadres volontaires comme le GRI ou le CDP, les ESRS sont légalement obligatoires et soumis à une vérification externe.

 

 

ESRS vs CSRD : qui fait quoi ?

La CSRD définit qui doit publier un rapport et à quel moment. Les ESRS, eux, précisent quoi publier et comment. On peut voir la CSRD comme le cadre légal, et les ESRS comme le guide opérationnel.

 

Double matérialité : comment ça marche ?

Les ESRS reposent sur le principe de double matérialité, qui combine :

  • la matérialité financière (comment les enjeux ESG affectent votre activité)
  • la matérialité d’impact (comment votre activité affecte l’environnement et la société)

Par exemple : le changement climatique peut perturber votre chaîne logistique (matérialité financière), tandis que vos émissions peuvent nuire à la biodiversité (matérialité d’impact). Si ces impacts sont jugés significatifs, ils doivent être évalués et reportés.

 

 

Qui est concerné ? Les quatre vagues de mise en œuvre

 

La CSRD s’applique progressivement selon 4 vagues :

  • Vague 1 : grandes entreprises d’intérêt public avec plus de 500 salarié·es → rapport pour l’exercice 2024
  • Vague 2 : toutes les grandes entreprises (250+ salarié·es, 40 M€ de chiffre d’affaires ou 20 M€ d’actifs) → rapport pour 2025 (reporté)
  • Vague 3 : PME cotées → rapport pour 2026 (possibilité d’opt-out jusqu’en 2028)
  • Vague 4 : entreprises non européennes avec plus de 150 M€ de chiffre d’affaires dans l’UE → rapport pour 2028

 

 

Structure des ESRS : les thématiques couvertes

 

Le cadre complet des ESRS comprend 12 normes transversales :

  • ESRS 1 : principes généraux et architecture du reporting
  • ESRS 2 : informations générales (stratégie, gouvernance, gestion des risques, objectifs)
  • E1–E5 : environnement (climat, pollution, eau, biodiversité, ressources)
  • S1–S4 : social (salarié·es, travailleur·euses de la chaîne de valeur, communautés, consommateur·rices)
  • G1 : gouvernance

Chaque norme inclut des points de données obligatoires à publier si les sujets sont jugés matériels.e :

 

 

Dernières nouveautés : l’acte délégué “quick fix” (juillet 2025)

 

Le 11 juillet 2025, la Commission européenne a adopté un “quick fix” pour alléger la charge des entreprises de la première vague. Concrètement, ces entreprises peuvent reporter certaines obligations jusqu’à l’exercice 2026.

 

Assouplissements prévus jusqu’à fin 2026

Les entreprises concernées peuvent notamment :

  • ne pas publier les effets financiers anticipés des risques ESG jusqu’en 2026
  • ne pas divulguer les émissions de Scope 3 ni les émissions totales si elles comptent moins de 750 salarié·es
  • ne pas inclure les divulgations des normes ESRS E4, S2, S3 et S4, ainsi que la majorité de S1, même si elles sont jugées matérielles

Les entreprises de plus de 750 salarié·es bénéficient désormais des mêmes allègements que les plus petites.

 

Mais certaines informations restent obligatoires

Même avec des exemptions, si une entreprise considère un sujet comme matériel (par exemple la biodiversité), elle doit en fournir un résumé dans l’ESRS 2. Cela garantit une certaine transparence, tout en réduisant la charge de travail.

 

 

Les projets de normes simplifiées (EFRAG, juillet 2025)

 

Le 31 juillet 2025, l’EFRAG (organisme en charge des ESRS) a publié des projets de normes simplifiées, dans le cadre de l’initiative “Omnibus” visant à réduire les lourdeurs administratives.

 

Un allègement significatif du reporting

L’EFRAG propose :

  • une réduction de 57 % des points de données obligatoires
  • une baisse de 68 % du total des exigences (y compris volontaires)
  • un raccourcissement de plus de 55 % du texte des normes

Ces simplifications visent à rendre les ESRS plus accessibles, en particulier pour les petites équipes.

 

Les 6 leviers de simplification

  • une évaluation de la double matérialité plus simple (approche top-down, notation allégée)
  • des déclarations plus lisibles et agrégées
  • la suppression des doublons entre ESRS 2 et les normes thématiques
  • un langage plus clair, une structure plus épurée
  • des mécanismes d’allègement pour les disclosures complexes ou coûteuses
  • une meilleure compatibilité avec les cadres internationaux (GRI, ISSB)

 

Prochaines étapes : consultation publique jusqu’à septembre

Une consultation publique est ouverte jusqu’au 29 septembre 2025. Les versions finales des normes seront transmises à la Commission européenne le 30 novembre 2025. L’entrée en application est prévue pour l’exercice 2027.

 

 

Préparer votre rapport carbone selon les ESRS

 

Que vous soyez déjà concerné·e ou en phase de préparation, voici les points clés pour aligner votre rapport carbone aux exigences ESRS :

 

Inclure les émissions des scopes 1, 2 et 3

La norme ESRS E1 impose de déclarer :

  • Scope 1 : émissions directes
  • Scope 2 : émissions indirectes liées à l’énergie achetée
  • Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes (en amont et en aval)

Utilisez une méthodologie reconnue comme le GHG Protocol pour collecter les données au niveau de l’entité et du groupe.

 

Tirer parti des exemptions temporaires

Vérifiez si vous êtes éligible à un allègement (voir l’acte “quick fix”). Utilisez ESRS 2 pour indiquer si un sujet est matériel, et fournissez un résumé lorsque les disclosures complètes sont reportées.

 

 

Conclusion et prochaines étapes

 

Les ESRS deviennent le socle de la transparence carbone et ESG en Europe. Pour les entreprises déjà concernées ou en préparation, comprendre vos obligations et profiter des simplifications proposées est essentiel.

Avec l’acte délégué “quick fix”, les entreprises de la première vague disposent d’un délai supplémentaire. Et grâce aux projets de normes simplifiées, le reporting s’oriente vers plus de clarté, d’accessibilité et d’impact.

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